Le sujet ‘’tabou’’ du chômage et du sous-emploi des médecins dans un pays qui pourtant a l’un des plus petits ratios de médecins par habitants de la planète (1 médecin pour 10.000 béninois en 2010) fera l’objet de mon présent billet.
Ce faible ratio est lié à l’exode de personnel qualifié dans le domaine de la santé car il est difficile d’être décemment médecin dans notre pays. Les facultés de médecine sortent chaque année une centaine de médecins. Ils se retrouvent très tôt confrontés à la dure réalité du monde du travail. Eux qui pensaient avoir réussi leurs vies en entrant dans le cercle très prisé et tout autant fermé et restreint des candidats aux études médicales. Pour cause, les seuls endroits où ils arrivent à exercer leur métier sont souvent les cliniques privées. Les heures de travail se subdivisent comme suit : la permanence (08h-16h), la garde (16h-08h). Dans leur jargon, les médecins appellent cela ‘’périph’’. Les rémunérations après des heures de durs labeurs et souvent aux prix d’insomnies varient de 5.000 FCFA à 10.000 FCFA environ.
Un médecin peut-il vivre avec moins de 200 euros par mois et croire encore en l’intérêt de sa mission ?
Pourtant il s’agit d’une élite de notre pays. Des hommes et des femmes qui ont au minimum le doctorat après 7 années orageuses de formation.
De nombreux classements européens des métiers les mieux payés positionnent le médecin en 2e ou 3e position devant les pilotes et les avocats, les brokers…
Qu’est ce qui ne va pas donc au Bénin ? Pourquoi se complait-on à nous ressasser au quotidien qu’il y a plus de médecins béninois à Paris qu’au Bénin ?
Les médecins sont malheureusement trop fiers pour exposer ce problème à la face du monde.
J’en pleure pour mon pays qui dépense des milliards pour leur formation, et qui au moment de profiter du fruit succulent de son labeur laisse ces médecins réputés compétents profiter à d’autres pays. C’est exactement l’image de ce paysan qui chaque année défriche, laboure, sarcle et au moment de la récolte laisse les fruits de son dur labeur aux rapaces, se plaignant de faim le reste de l’année mais recommençant le même processus année après année.
Comment comprendre que nous ayons l’un des systèmes de santé les moins performants du monde et que le peu de professionnels de santé disponibles sur place ne soit pas utilisés intelligemment ? Tous rêvent de partir ailleurs pour exercer leurs professions plus décemment. Déjà il est difficile de faire ce que l’on a appris sans le matériel (plateau technique) disponible, mais si en plus de cela il faut vivre dans la gadoue…. Tous rêvent d’aller travailler plus décemment sous d’autres cieux.
Il n’existe aucune politique assez forte pour inciter les médecins à sauver la vie de nos compatriotes qui sont dans des zones moins loties que Cotonou et sa périphérie.
Le système de santé de mon pays est en agonie. Et nous avons besoin de le repenser pour le bonheur réciproque de notre population et des professionnels de la santé.
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