Chaque année des milliers de bacheliers sont confrontés au choix d’une filière universitaire. Pour la plupart, il s’agira de faire un choix parmi l’existant. L’existant se trouvant presque toujours très loin de ce qu’on l’on aurait aimé faire. Dans ce lot d’existants se trouve la médecine, une filière vendue (à tort?) aux bacheliers comme le sommet des sommets, le saint Graal des filières. »Il faut choisir la médecine, on ne chôme jamais étant médecin », me conseillait mon professeur de mathématiques il y a quelques années. Et comme cela , de nombreuses idées reçues et autres mythes viennent obscurcir la réalité de cette filière. Les stéréotypes, l’image du médecin mise en avant sur nos écrans nourrissent les illusions. »Mon cousin veut s’inscrire en médecine, mais je ne sais pas comment l’en dissuader. Ce n’est pas vraiment une passion pour lui mais il a eu un bac avec une mention Très Bien. Si j’essaie de le dissuader, ses parents croiront que j’essaie de l’empêcher de bénéficier de la chance dont moi même je bénéficie encore l’heure actuelle » se lamentait une collègue il y a quelques temps.
Tu as suivi Dr House, Royal pain ou Grey’s Anatomy et décides de faire médecine. Mon frère, ma sœur, tu es peut-être sur le point de faire la plus grosse bêtise de votre vie (ou pas). Prends une pause, lis ceci. Tu me remercieras après, autour d’une tasse de dêguê!
J’avais prévu écrire un article à l’intention des nouveaux bacheliers qui voudraient s’inscrire en médecine et de leurs parents. Le titre que j’avais prévu pour cet article était sans équivoque: »Félicitations, vous avez le bac, mais ne faites pas médecine! » C’est dans ce contexte que le Docteur Yédomon a fait ce post:
Le 1er au Baccalauréat au Bénin choisit la Médecine comme filière d études ###Pourquoi je me demande s’il a bien réfléchi! ?Bonne chance a lui###
Agréable semaine à vous
Je fais ici une petite compilation des différents commentaires qui résument assez tout ce que j’aurais pu dire. Et plus! Les commentaires ont été fait pour la majorité par des médecins, donc ayant un vécu du sujet et donc compétents pour en parler.
La médecine au Bénin, un tombeau de compétences?
Espérance Assani (médecin légiste, note de l’auteur) Je me suis posé la même question. Il faut s’être approché de la poule pour apprécier la taille de ses oreilles.
Romain Gbémiga (cardiologue actuellement au chômage lol, note de l’auteur) Ta réflexion est profonde et pertinente. Je le vois plus en recherches médicales ou en ingénierie mais pas en médecine clinique…Que sa volonté soit faite…On en reparlera en 2024
Ismael Eric Landry Paraiso (pédiatre, note de l’auteur) Et moi donc ! Je pense que quelqu’un devrait vraiment le conseiller. J’espère qu’il aura l’opportunité de l’exercer loin très loin d’ici. Pour nous qui sommes du métier. Faire le choix de faire médecine c’est gâché son talent. Pourquoi faire une formation qui à la fin ne valorise pas l’apprenant surtout dans un pays comme le nôtre. Je le projette dans 7 ans à moto sous la pluie à courir pour rattraper une periph. Allah lui épargne ça
Franck Olivier Yedomon (dermatologue, note de l’auteur) En tout cas nous allons prier pour lui
Jean-Paul Dossou (médecin de santé publique, note de l’auteur) Lol, Ismael Eric Landry Paraiso et les amis, vous êtes trop forts. J’aime cette vérité crue dite au jeune premier. S’agit il la de la vérité de la médecine ou d’une réalité plus individuelle et certainement passagère? Tous les informaticiens ou banquiers ou électronicien ne sont pas super heureux! Et tous les médecins ne sont pas malheureux non plus. Aussi, Ce n’est pas quand la médecine n’attirera plus les meilleurs, que la profession médicale se portera mieux. C’est un bon signe que des jeunes croient encore dans la noblesse et dans la beauté de ce métier. Les professions médicales raflent les meilleures places dans le Top 20 des métiers les plus payants aux États unies. C’est une construction commune qui a besoin de recherche et d’actions bien coordonnées, nous avons besoin des meilleurs cerveaux pour revaloriser la santé qui est le premier ingrédient de tout développement. Les meilleurs du bac béninois sont presque tous au Canada à fabriquer a construire le pays des autres. Ils envoient des devises par transfert, mais c’est tout autant une corruption de talents, qui ne crée pas les conditions pour que les béninois soient capables de mieux payer leurs médecins. Qu’il fasse la médecine s’il a de la vision er s’il est passionné. Qu’il ne se fasse pas d’illusions et qu’il investisse dans la recherche et dans l’innovation technologique en santé ou dans l’innovation dans l’ingénierie sociale en santé. Il impactera sa société, il laissera une trace, quelle soit valorisée ou non, il aura vécu son rêve. C’est le plus important à mon sens.
Jaures James Sogbossi Je prie son pere de l’orienter en economie, en droit ou en gestion. Nous avons besoin de ces genres de personnes pour venir gerer ce pays. Mais affaire de medecine la, vraiment, c’est ignorance de l’existance des autres metiers qui poussent les Beninois a faire de pareils choix. Ailleurs en Chine, c’est le gouvernement qui lui choisirait sa filiere: la politique et la gestion de l’Etat, rien d’autre.
Canicius Ovidio de Souza Vous êtes graves ici hein…Quand on fait une série scientifique et mieux on réussit brillamment au baccalauréat, en général on est obsédé par ma médecine. Cela prouve quand même que notre métier a de la valeur encore devant les autres. C’est vrai que chez nous, la santé n’étant pas une priorité, le médecin au bout du roulot se retrouve comme un vrai misérable et ne représente que son statut dans la société, lequel statut il peine à justifier dans son quotidien. Ceux qui savent ont compris de quoi je parle. Après, il serait aussi bien de laisser chacun faire son expérience. Autrement, on pourrait bien croire que nous ne voulons pas que nos jeunes frères fassent comme nous pour venir disputer le boulot avec nous. A chacun son expérience même si je pense qu’un brillant jeune homme comme lui mériterait de faire plus carrière dans quelque chose de plus fun et plus classe. Bref, chacun fera son expérience.
La médecine au Bénin (et en Afrique), une filière pour les perroquets?
»Vous n’avez rien à inventer. Tout a déjà été fait ». C’est la chanson à laquelle on avait droit en fac de médecine lorsqu’on se hasardait à »sortir des rangs ». Si vous êtes créatifs, la médecine n’est pas faite pour vous. Si vous insistez, vous allez finir abruti et perroquet. Vous n’apporterez probablement rien de nouveau ici. Les laboratoires de recherche lorsqu’ils existent se résument à une paillasse avec du matériel rouillé d’une autre époque et quelques réactifs décolorés par le temps. On y retrouve plus de rats que de chercheurs d’ou l’appellation lab-aux-rat-oirs.
Quel médecin béninois a déjà brillé par une découverte même mineure dans le domaine de la santé? Est-ce qu’il y en a un qui ait inventé une technique chirurgicale, un qui ait découvert le remède a un mal ?
La médecine est un métier noble, c’est ce qu’on dit. Mais ici croyez moi, c’est un gros titre sans grand contenu. ET souvent on ne le sait qu’après y être entré. Après avoir fini, on est obligé de »paraître » pour offrir à la famille et à la société l’image qu’ils ont d’un médecin.
Le blog de Arayaa, tout ce que votre médecin n’a pas le temps de vous expliquer en consultation!
4 commentaires
L’ essentiel a ete dit. Pour un » surdoue » le choix de la filière medecine est un maivais choix. Nous, medecins beninois, etes nous fiers de notre corps ? Sans trancher,je voudrais faire observer que l’ exercice de cette profession n’ est pas motivant chez nous. A quoi servent ces titres ronflants si nous sommes incapables de poser de diagnostic precis dans bon nombre de cas.
Mais si c’est choix, on lui souhaite une bonne carriere.
Merci …Où faut il faire cette formation pour être vraiment bon…
je n’ai pas compris ta question
Aie Aie Aie… A vous lire j’écarquille les yeux et j’arrête pas de les écarquiller. Je comprends et je vois de quoi parlent certains puisque je connais un peu le milieu de l’enseignement en santé et de la clinique au Bénin. Mais d’autres commentaires me laissent assez perplexes. Je me souviens quand j’ai eu mon BAC, je voulais absolument faire Médecine, mais je n’ai pas réussi à cause de ce que j’ai qualifié à l’époque d’injustice, mais 6 mois plus tard après avoir eu mes premiers cours en kinésithérapie et surtout 2 ans plus tard avec avoir été en stage et traité mes premiers patients, j’ai compris que ce n’était guère une injustice mais plutôt une faveur qui m’a été accordée de faire ce noble métier qu’est la kinésithérapie. Je n’oserai pas dire « heureusement » en vous lisant. Aujourd’hui si le choix était à refaire, je choisirai sans hésiter la kinésithérapie pas pour les raisons que vous évoquez mais pour les raisons qui m’ont fait aimer la kinésithérapie. Et les mêmes problèmes que vous évoquez en médecine se posent dans toutes les professions chez nous. Est ce pour ça qu’on ne peut pas s’épanouir dans son métier? Je ne crois pas. Bon courage à tous.
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